
Du ou des mêmes auteurs
Vous pourriez aussi être intéressé(e) par...
La photographie a fixé pour toujours trois silhouettes en plein soleil, deux hommes et une femme. Ils sont tout de blanc vêtus et tiennent une raquette à la main. La jeune femme se trouve au milieu: l’homme qui est à sa droite, assez grand, est penché vers elle, comme s’il était sur le point de lui dire quelque chose. Le deuxième homme, à sa gauche, se tient un peu en retrait, une jambe fléchie, et prend appui sur sa raquette, dans une posture humoristique à la Charlie Chaplin. Tous trois ont l’air d’avoir environ trente ans, mais peut-être le plus grand est-il un peu plus âgé. Le paysage en arrière-plan, que masquent en partie les volumes d’une installation sportive, est à la fois alpin et sylvestre: un massif, encore blanc à son sommet, ferme la perspective, en imprimant à la scène une allure irréelle de carte postale.Tout, dans ce portrait de groupe, respire la légèreté et l’insouciance mondaine. Pourtant, la jeune femme ne s’est pas départie d’un soupçon de gravité, que ne démentent pas tout à fait son sourire et la lumière malicieuse de son regard. Elle est grande, elle aussi, moins que l’homme qui lui parle, mais suffisamment pour donner l’impression d’une harmonie dans leurs allures. Son corps est élancé, sa beauté un peu austère, avec son visage allongé et ses pommettes hautes et rondes. Le creux des joues est balayé par des cheveux épais, courts, coupés au carré. Et un chapeau blanc, posé de côté, finit de rappeler les élégantes des photographies des Séeberger.Son voisin est mince, presque trop pour un homme. Sa chevelure est blonde (châtain clair? le noir et blanc ne permet pas de trancher), ondulée, coupée court sur les côtés. La transparence liquide de son oeil permet de supposer des iris d’un bleu ou d’un gris très clair. Le reste du visage est doux, légèrement anguleux, avec des sourcils pâles, des traits délicats, une bouche aux lèvres minces. Le dernier des comparses, lui, est le plus petit des trois. Son corps nerveux et svelte est pris dans un polo clair; il porte une moustache fine et un canotier, que n’aurait pas reniés un dandy fin de siècle. Si l’on en juge par son demi-sourire, joint à une pose volontairement affectée, il ne prend pas cette séance d’immortalisation très au sérieux; le regard moqueur qu’il coule en biais vers la jeune femme au chapeau semble le confirmer.